dimanche 17 août 2008

La responsabilité de la France au Rwanda

La responsabilité de la France est d’être une grande puissance qui a armé, protégé et soutenu un régime génocidaire. Ce qu’on reproche à la France, ce n’est pas d’avoir massacré 800 000 personnes, c’est d’avoir laissé faire alors qu’elle avait les moyens d’intervenir autrement qu’en freinant l’avancée des troupes de Kagame (alors que les massacres étaient en cours).

Exemple pratique : la France n’avait-elle pas les moyens de faire taire « radio Mille Collines » qui exhortait au massacre des « cafards » (= les Tutsis) ? En brouiller la fréquence n’aurait pas couté une seule cartouche, pas une vie Française n’aurait été risquée…

A titre de comparaison sur le thème de la responsabilité: combien en France se retiennent de penser que Sharon ne serait pas responsable du massacre de Shabra et Chatila par les phalanges chrétiennes ( perpétré non loin des forces Israéliennes lors de l’invasion du Liban) ? Ce massacre là n’avait duré qu’une nuit, alors qu’au Rwanda il s’agit de plusieurs semaines et de centaines de milliers de morts. A moins de penser que le renseignement Israelien est infiniment plus performant que le Francais, je ne vois pas comment on peut faire porter la culpabilité aux uns (les Israéliens) et pas aux autres (nous, les Francais).

Qu’est-ce que la R.F avait à gagner ? Il faudrait le demander à Mitterand. A part une conception archaique de gloriole nationale face aux anglo-saxons, je ne vois pas grand-chose, le seul intérêt économique tangible étant la vente d’armes (la R.F est quand même le 4eme exportateur mondial).

D’autres exemples ? Aussi graves je n’en ai fort heureusement pas. On peut quand même songer au fiston Mitterand qui s’est enrichi par la vente d’armes (en Angola notamment, pays ravagé par des enfants soldats, sciemment déshumanisés par le meurtre de leurs propres parents qu’on les obligeait à perpétrer s’ils voulaient survivre). Ou bien à une « oil company » bien tricolore qui a financé les 2 protagonistes opposés d’une guerre civile africaine (Congo, je crois).

Vu d’ici, c’est moins visible que Bush, mais c’est tout aussi immonde.

2 poids 2 mesures

On a très bruyamment évoqué le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, cela a été le fond de commerce idéologique de l’administration US pour justifier le démembrement de l’URSS. Maintenant que les Ossètes du Sud invoquent le même principe, se font bombarder pendant 3 jours par Saakachvili pour avoir oser le rappeler, ça devient tout de suite une incroyable ingérence russe dans les frontières d’un pays internationalement reconnu, une intrusion odieuse dans un problème intérieur georgien. N’y aurait-il pas par hasard 2 poids 2 mesures dans cette attitude ? Ne serait-ce pas là encore un exemple de plus de l’hypocrisie US ?

Et bien pire encore : envahir un pays exsangue après l’avoir aplati sous un déluge de B52s, ce serait aussi une affaire intérieure (US) d’après vous ? N’y aurait-il pas là comme un problème de franchissement de frontière ? Investir des centaines de milliards de $ dans une guerre d’invasion à l’autre bout du monde pour s’approprier la 2eme reserve de petrole, et une trentaine de chars russes qui passent la frontière pour défendre une population qui les réclame, c’est du même ordre d’après vous ?

Moi ça me gênerait beaucoup moins de dénoncer l’impérialisme russe s’il y avait équilibre en la matière. Aujourd’hui, un seul empire au monde dépense au bas mot 2x plus en armement que tous les autres, considère le pétrole du Moyen Orient et d’ailleurs comme sa propriété privée (« stategic interests » ), et n’hésite pas un seul instant à faire la guerre loin, très loin de ses frontières pour s’approprier ce qui ne lui appartient pas. Alors que personne ne leur a rien demandé, après avoir tout fait pour accélérer le démembrement de l’URSS, les US ne trouvent rien de mieux aujourd’hui que de réactiver la crise SS20/Pershing (mais à l’envers cette fois) en voulant à tout prix installer des missiles aux frontières de la Russie (et aux nôtres, dans l’indifférence générale), soi-disant pour contrer le terrorisme, et ce sont les Russes qui seraient responsables de l’escalade et d’un retour à la guerre froide ?

Tout ceci est complètement et totalement inacceptable. Le fait que les US soient une grande démocratie, exemplaire à mes yeux, n’enlève rien au problème sur le fond, qui est celui de la politique extérieure de l’empire américain, largement soutenue par les magnats du pétrole et de l’armement. Evoquer l’absence de démocratie en Russie – aussi regrettable que cela ne fut – ce n’est que de la poudre aux yeux pour justifier des agissements bien pires, il faudrait peut-être mieux ne pas le perdre de vue si on veut garder un minimum de crédibilité dans la critique du despotisme de Poutine et consorts…

jeudi 24 juillet 2008

Pourquoi n'existe-t-il pas d'Obama francais ?

La reponse à la question posée est tellement evidente que presque personne n’ose la formuler clairement : parce que le peuple francais est fondamentalement plus passéiste et conservateur que le peuple americain.

Ce conservatisme là n’a pas grand-chose à avoir avec une éventuelle dichotomie gauche-droite, derrière laquelle certains pourraient etre tentés de dissimuler le problème. C’est quelque chose de beaucoup plus visceral qui est en jeu ici et qui tourne autour de ce qu’est l’identité francaise. Question delicate s’il en est vu qu’au cours de l’histoire la France a objectivement perdu le rang auquel elle aspirait, malgré les gesticulations populistes et en fin de compte complètement futiles des monarques qu’elle a élu pour l’oublier (De Gaulle est le cas le plus flagrant, Petain le plus tragique). Je note en passant que la haine du liberalisme (en France) n’a pas d’autre origine que cette perception d’une grandeur dechue et forcée par sa mise en competition economique.

Les US n’ont pas ce problème là, ils ont construit et continuent de construire leur puissance dans la diversité et la multiplicité des peuples qui les constituent. L’ethique protestante de l’effort individuel et le culte de la liberté n’y sont evidemment pas pour rien (nous on a eu la revocation de l’Edit de Nantes et on croule sous une surabondance de legislations). Mais en aucun cas ils ne peuvent avoir, devant l’adversité, de recour à une grandeur déchue, à l’unité fantasmée d’une race derrière celle d’une nation, ni de refuge dans un hymne qui désire abreuver les sillons de son sol du sang impur qui l'aurait foulé…

Francais, encore un effort pour etre révolutionnaires !

mercredi 9 juillet 2008

Armes nucleaires au Moyen Orient

Que le régime Iranien ne soit pas des plus sympathiques, j’en conviens aisément, mais il est le loin d’être le seul dans la région. Et de là à déclencher une guerre…

Ce qui m’effraie le plus dans toute cette histoire, c’est qu’il n’y a pas de preuves que les Iraniens construisent une bombe atomique, on a même eu l’affirmation du contraire par des services de renseignements US. Et si c’est la potentialité d’une telle bombe au Moyen-Orient qui effraie certains, il serait peut-être bon de leur rappeler que des armes atomiques y existent déjà en grand nombre, notamment là ou personne ne veut les voir, après en avoir longtemps nié l’existence...

Alors de deux choses l’une :

ou bien la perspective d’une bombe atomique au Moyen-Orient est intolérable, et dans ce cas elle est intolérable pour tous : qu’Israël laisse alors les inspecteurs de l’IAEA faire leur boulot en Israël comme ils devraient le faire en Iran, avec à terme la dénucléarisation complète de toute la région.

ou bien on admet qu’une telle perspective est tolérable, et Israël apprend à vivre avec la réciproque de ce qu’il a créé, tout comme les Arabes de la région l’ont appris durant les dernières décennies.

Si on veut éviter à tout prix le risque d’un conflit nucléaire, seule la première solution est envisageable. Une attaque de l’Iran par Israël et les US ne ferait au mieux que retarder de quelques dizaines d’années l’embrasement final. Et quand je dis au mieux je reste optimiste…

mardi 8 avril 2008

Ne nous trompons pas de boycott...

Pour ce qui est du parallèle aux jeux de 1936, il est boiteux, car les jeux d’aujourd’hui n’ont pas la dimension raciste qu’ils avaient hier (et qui justifiaient un boycott).

Je ne veux pas défendre l’indéfendable mais je trouve toute cette agitation un brin artificielle, et je partage l’indignation chinoise devant le « 2 poids 2 mesures » affiché par les Occidentaux.

Exemple flagrant entre mille: « The Economist » a titré récemment « The new colonialists » à propos des Chinois. De la part d’un journal qui a soutenu l’invasion de l’Irak, élaborée sur un bobard de dimension planétaire (et donc parfaitement identifiable par le Chinois de base), ca fait plutôt lapsus. Cela fait plusieurs siècles que la Chine administre le Tibet, peut-on en dire autant de l’Irak de la part des anglos-US? Est-ce que les centaines de milliers d’Irakiens qui ont perdu la vie dans cette croisade valent moins que les quelques Tibétains qui ont perdu la leur lors des émeutes récentes ? Faut-il préciser que les victimes de ces dernières sont des Hans plutôt que des Tibétains ? Pas la peine d’imaginer ce que serait une réaction US face à la crémation de quelques uns de leurs civils…

Mais tout ca n’empêche pas notre nabot national d’aller faire des ronds de jambe et autres risettes devant les vrais colonialistes d’aujourd’hui. Accessoirement, ca n’empêche pas non plus la moitié du CAC40 d’être possédée par des fonds US, ni la bourse de Paris d’être devenue une filiale du NYSE sans que ca n’émeuve grand-monde, avant de songer à boycotter la Chine on ferait peut-être bien de s’en rendre compte. Désolé, mais pour moi on se trompe d’ennemi. Est-ce qu’il faut attendre que McCain soit au pouvoir du complexe militaro-industriel le plus menaçant du monde et qu’il déclenche une guerre mondiale pour nous réveiller ? Bush avec ses missiles qu’il veut implanter en Europe de l’Est est déjà en train de préparer le terrain ici à nos portes dans l’indifférence générale, et pendant ce temps les bonnes âmes s’émeuvent de la Chine. C’est grotesque et pitoyable.