samedi 17 novembre 2007

Prise de bec avec un marxiste

Ce qui suit est une réponse sur un forum du Nouvel Obs où un intervenant plus ou moins gaucho/marxiste martellait que selon lui le commerce est la source de tous nos maux...


A part ressasser ta prêche marxiste un peu usée tu ne démontres rien si ce n’est marteler des bobards plus gros les uns que les autres.

Tu es tellement enfoncé dans tes préjugés chrétiens qui associent toute idée de profit, d’enrichissement et de commerce à l’incarnation du Mal que ça te rend incapable d’en voir les avantages, pas plus que tu n’es capable de reconnaître les souffrances totalement inutiles des millions de cadavres qui jonchent le chemin du paradis communiste. Merci pour eux.

Que ce soit l’URSS avec les famines ukrainiennes (4 à 5 millions de morts, « impropres à la collectivisation », sic) ou la Chine avec sa Révolution Culturelle, ce ne sont pas les morts qui manquent à démontrer l’échec de l’économie planifiée qui n’a, dans le meilleur des cas, que réussi à assurer la maigre subsistance d’une médiocrité généralisée, le tout à travers un flicage sans précédant. C’est ça ton modèle pour la France ?

Parler d’économie de marché à propos de la Russie est un gros non sens qui n’a pas l’air de te gêner. La Russie d’aujourd’hui n’est pas plus qu’hier un état de droit, il n’existe pas de cadre légal à la circulation des capitaux et à l’engrangement de profits et donc très peu d’investisseurs s’y risquent. Et surtout, la Russie n’a pas de grande tradition commerciale, ne produit pas grand chose à l’exportation (à part des armes) et se contente de vendre du pétrole pour acheter au plus pressant (Vodka comprise). J’ajouterai que les structures mafieuses qui y sévissent sont un prolongement direct de ce qui s’y trouvait déjà avant l’abandon de la phraséologie marxiste, hypocrisie en moins. Les Russes, après 80 années de collectivisation à la trique et l’entreprise de décérébration qui va avec, ne sont pas prêts d’en sortir. On est encore très loin du libéralisme, même si très peu veulent revenir en arrière.

Quant à la Chine et à l’Inde que tu escamotes (on se demande pourquoi), leur ouverture vers le commerce mondial et la croissance qui en découle démontrent on ne peut plus clairement les avantages d’une économie de marché par rapport à une économie planifiée (on peut pas en dire autant de la Corée du Nord, où l’économie reste 100% planifiée). Et si ça ne profite pas encore à tout le monde, ce n’est qu’une question de temps. Pour ce qui est du barrage géant, bien qu’on puisse y voir un reste de dirigisme étatique (ce ne sont pas des investisseurs étrangers qui en sont à l’origine, que je sache), la décision ne me parait pas absurde : vu la capacité, ça fait l’économie de quelques dizaines de centrales nucléaires, et de quelques millions d’irradiés potentiels…

Quant à Cuba et au contenu de mes propos initiaux, ta mauvaise foi se passera de commentaires. Si tu y es allé, tes œillères idéologiques doivent être bien solides.

Europe et démocratie

Tout à fait d’accord avec ceux qui disent que l’Europe manque de démocratie. A commencer par son budget. Ca fait 40 ans que plus de 50% du budget européen est attribué à moins de 5% de la population (les exploitants agricoles) sans que cette décision ne soit soumise à un vote du citoyen de base qui n’en profite ni de près ni de loin. Il y a effectivement de quoi s’indigner de ce racket injustifiable et anti-démocratique par essence. A observer que par des mécanismes absurdes de garanties aux prix 80% des subventions va à 20% des exploitations, on se rend compte à quel point le soi-disant souci de justice sociale est un leurre grossier: seuls les gros en profitent, avec comme corollaire une paupérisation fatale des paysans du tiers-monde devenus incapables de concurrencer nos exportations subsidiées. Où est la démocratie là-dedans ?


Qu’est-ce qu’on attend pour faire un referendum européen sur la PAC ? Où est l’intérêt des 95% d’européens qui financent le tout ? Comme si l’agriculture ou l’élevage étaient l’avenir de l’Europe, et les milliards investis créateurs d’emplois, alors que la recherche et les technologies nouvelles ne reçoivent que des miettes…

Je ne sais pas combien de temps la cécité de nos partenaires européens peut encore durer, mais plus pour longtemps à mon avis: après avoir craché dans le potage, et vu son endettement, la France risque de se retrouver bientôt avec un très gros problème sur le dos. Espérons seulement que ça puisse enfin lui ouvrir les yeux sur ses archaïsmes…

Islamofascisme, concept creux

Je n'aime pas le concept d'islamofascisme car le fascisme n'est pas un phénomène religieux stricto sensu , tout comme le communisme ne l'est pas non plus, et même si dans les trois cas des fanatiques ont sacrifié leur vie à leur cause. Ce qui ne veut pas dire que le phénomène soit plus facile à traiter : tout comme le communisme n'a pas survécu (à quelques années près) à la mort de Staline, le nazisme ne pouvait survivre à Hitler. Ici on est dans une logique différente: l'islamisme n'a pas de structure hiérarchique établie (Bin Laden est une icône fabriquée autant par les médias occidentaux qu'orientaux), on baigne dans une idéologie millénariste primaire et rétrograde où chaque sacrifice haineux en appelle un autre. Cette espèce de sadomasochisme autodestructeur et sacrificiel n'a pas d'équivalent dans le fascisme qui se réclamait d'une forme de modernité totalement absente chez les Islamistes. Pour moi, il faut dénoncer l'antisémitisme islamiste, point barre. Rajouter le concept de fascisme n'apporte rien, le seul point commun est la haine des Juifs. Je ne dis pas ça pour diminuer le problème, que du contraire. J'ai lu il y a quelques années "A mighty heart" (de la femme de Pearl, le journaliste égorgé) et je peux assurer que pour l'avoir lu, je ne suis pas prêt de minimiser la portée ou l'intensité de l'antisémitisme islamiste, mais ce n'est pas pour autant que je le réduise au nazisme. C'est aussi pour cette raison que le lien (dont je ne conteste pas l'historicité) entre le grand mufti de Jérusalem et Hitler (dans le film Obsession) est à mes yeux maladroit ("misleading" aurais-je écrit en anglais) car l'idéologie de l'un ne se ramène pas à celle de l'autre, et de plus ce rapprochement ouvre un boulevard à tous ceux qui dissimulent leur antisémitisme sous un antisionnisme affiché.

Réponse à un antisionniste

Ceci est une réponse à un post sur un forum du Nouvel Observateur autour de l'antisémitisme. Je ne pense pas que ca vaille la peine d'inclure le post initial auquel j'avais réagi...

Désolé de vous décevoir, mais pour me voir débattre honnêtement d’Israël avec vous - ce qui n’est pas le sujet de ce forum - il faudrait me monter que votre antisémitisme est une illusion de ma part, et ceci impliquerait des propos un peu plus cohérents, beaucoup moins haineux et peu plus solides que l’esquive derrière les citations bien pratiques et somme toute fort honorables des Juifs que vous évoquez (Attali et consort), dans votre dernier post au ton apparemment plus mesuré que vos dérapages du précédant. Vos affirmations bon marché du style « meuhnon pas d’israélocidie en vue…» occultaient très mal le sens explicite du post auquel j’ai réagi, à savoir la négation pure et simple, non seulement de l’aspiration légitime à un foyer national Juif, mais aussi et surtout de l’accomplissement collectif d’un effort surhumain et inégalé dans l’histoire (mon souhait, pour rappel, est celui de deux Etats distincts, sans retour).

Mais ce qu’il y a de vraiment révoltant, et en fin de compte ridicule, dans votre post du 25.07.04 14:15 c’est le fantasme inédit par lequel vous tentez d’enfermer Armouze. Saisissant au vol des considérations de Realpolitik, vous en noircissiez d’abord sciemment le sens pour vous délecter d’un tableau apocalyptique, fantasme d’un monde qui se dresserait contre Israël pour le faire disparaître une fois la suprématie US entamée, comme si ça allait de soi, et comme si ce genre de propos n’allait pas alimenter une paranoïa dont les Juifs ont du mal à se débarrasser (ce n’est pas un blâme de ma part envers eux, vous êtes le symptôme explicite de ce qui la justifie). Vous vous complaisez à agiter le spectre menaçant de nouvelles puissances qui se retourneraient immanquablement contre qui ? Les fautifs. Le mot est lâché. Fautifs de quoi ? D’exister ? Oui, bien sur, fautifs d’exister, mais comme ce serait trop cru de l’avouer tout haut, vous saupoudrez votre discours de « palestoches salement et vilement écrabouillés » (c’est tellement commode un palestoche écrabouillé, il faudrait presque en remercier Tsahal), pour en arriver à la solution-dissolution, pur Bonheur, miracle des miracles, esbroufe d’une société imaginaire (loin très loin de la Realpolitk d’où on est parti, mais peu importe, on fait comme si) où comme par enchantement un siècle d’affrontements se résorberait dans le prédigéré de la « nouvelle citoyenneté israéloche inclusiviste … première réelle société libre-hommiste des temps modernes » (j’abrège un peu la prédigestion). Evidemment, il y a bien quelque chose qui cloche. On remarquera peut-être que dans tout le développement libre-hommiste, le palestoche n’a pas d’autre rôle politique que celui de la victime, mais à ce stade du délire on ne va pas s’arrêter pour si peu. On pourrait aussi se demander pourquoi réaliser cette société idyllique en Palestine et pas ailleurs. Non, dans votre esprit brumeux, ce qui manque au bout du compte pour expliquer l’écart entre le tableau idyllique et la réalité d’aujourd’hui - et ici le conducteur perd tout contrôle sur le dérapage qu’il entreprend - c’est un coupable, Armouze, le Juif lâche et coupable de ne pas réaliser son alya, ou plutôt la négation de celle-ci, coupable de « sa position de repli tout confort chez les goyim », coupable de ne pas entreprendre l’anéantissement du foyer Juif…C’est odieux et abject. Inhumain et vil. Une misère de l’esprit. Vous êtes la justification de la nécessité de l’Etat d’Israël, voire de la politique de Sharon. Rarement des propos ne m’auront autant choqué par leur bassesse.

Censuré sur le site du Nouvel Obs à propos de Chevènement...

où j'ai appris, suite au décès de Pierre Pujo, dirigeant historique de l'Action Francaise, que l'alliance de l'aveugle et du paralytique était avérée...(le premier ayant recu l'appui électoral du second)

Comme quoi le discours anti-européen et passéiste des socialistes nationaux (à défaut de pouvoir écrire l'inverse sans etre censuré) à la Chevènement est suffisamment rétrograde pour etre fréquentable par la grande tradition maurassienne, antidreyfusarde, antisémite et antiparlementaire de l'AF. Ce n'est pas une nouveauté mais je ne pensais pas que le nationalisme de gauche était si proche de celui d'extrème droite.
On peut aussi se souvenir que c'est grace à cette vieille baderne de Chevènement que les Francais ont pu se donner le choix il y a quelques années entre un fasciste et un voleur...
A lire ou relire : "Le mythe de l'allergie Francaise au fascisme", de M Debry.

Une guerre avec l'Iran ?

Moi ce n’est pas seulement du sort de la France et de l’Europe dont je me préoccupe. Le sort d’Israël ne m’est pas indifférent et ce dernier risque de commettre une erreur irrécupérable s’il attaque l’Iran sans en être directement menacé.

Je crains fort que l’échec relatif de la dernière guerre du Liban et que le succès tout aussi relatif du Hezbollah ne fasse perdre la tête aux Israéliens devant une menace qui n’en est pas vraiment une, un peu comme les Américains ont perdu la tête suite au 11/9. Je sais bien que c’est plus facile à dire ici qu’à Tel-Aviv, mais est-ce parce que les Soviétiques étaient en train de préparer l’arme atomique que Roosevelt ou Eisenhower devaient déclencher une guerre alors qu’ils avaient encore la supériorité de l’armement ? Amahdenijad joue évidemment un jeu dangereux par son double langage sur la disparition de l’Etat d’Israël (disparition de l’Etat mais pas des Juifs etc.), à mes yeux pour asseoir sa popularité et augmenter son prestige aux yeux des musulmans du monde entier, bien plus que par d’hypothétiques visées de conquêtes territoriales à coups de bombes atomiques. Dois-je rappeler que l’Iran n’a aucune frontière commune avec Israël ? Que Al Qaida non seulement n’a rien à voir avec l’Iran mais organise quotidiennement des massacres de Chiites ?

Mais qu’arriverait-il si Israël, qui possède la bombe atomique, attaque l’Iran, qui ne l’a pas, mais qui est beaucoup plus puissant qu’un Irak affaibli par un blocus ? Au minimum des pertes humaines considérables, le baril de pétrole à 200$, une crise économique majeure au moins en Occident, un terrorisme exacerbé tous azimuts, voire l’escalade vers une guerre mondiale : les Russes accepteront-ils sans renâcler de perdre un partenaire commercial aussi important et d’avoir des bidasses occidentales à leur frontière ? Les Chinois accepteront-ils plus longtemps le rôle de nain politique avec un pétrole à 200$ qui stopperait net leur croissance ? Et qui serait, aux yeux du monde islamique si pas d’avantage, le coupable désigné de tant de malheurs, sinon Israël, voire les Juifs ?

Contribution à un forum sur l'Irak

Voici des propos que j'ai tenu à l'époque (au début de l'invasion de l'Irak) sur le forum du Nouvel Obs. Je me suis évidemment fait traiter d'antisémite, terme que je ne revendiquerai pas, même s'il est clair pour moi que ceux que j'attaquais sur le forum étaient juifs (sans pour autant être représentatifs des Juifs ou du Judaisme).

A contempler l’arrogance et la virulence extrêmes de certains Juifs sur ce forum (et ailleurs) se mesure le degré de souffrance, de violences et d’humiliation subies pendant vingt siècles d’histoire. Le problème, c’est que l’un ne justifie pas l’autre même s’il l’explique, et la combinaison des deux m’effraie par l’intensité de la haine, le déni de l’autre et l’intolérance générale qui s’en dégage. Je ne veux en aucune manière minimiser l’immense catastrophe que fut la Shoah, mais le discours antisémite d’antan se retrouve bel et bien régurgité aujourd’hui sur tout ce qui a une consonance arabe ou islamique par les descendants de ceux qui l’ont subi et c’est ça qui est insupportable pour quiconque désire prendre un peu de recul avec le moins de parti pris possible.

« Qui n’est pas avec moi est contre moi » résume assez bien la profession de foi inébranlable qui fonde les raisonnements de la paranoïa ambiante. En d’autres termes, toute critique d’Israël ou de mise en question de ses intérêts se réduit toujours à de l’antisémitisme pour qui l’énonce, y compris à l’égard des rares Juifs qui osent questionner le bellicisme contemporain. Apres un « Les Palestiniens n’existent pas », en passant par « C’est un signe de Dieu » (à la prise de Jérusalem) on en arrive aujourd’hui a proférer « L’hydre islamiste est partout » en feignant de ne pas s’apercevoir qu’il y a peut-être bien une relation de continuité historique entre les trois propositions. Tout comme on s’offusque du manque d’enthousiasme des populations européennes pour la dernière croisade de Bush, alors que celle-ci a été construite sur un bobard d’envergure planétaire, les seules armes de destruction massive au Moyen-Orient se trouvant bien là ou personne ne veut ou n’ose les voir, ni même le reconnaître pour certains. Et quand, suprême ignominie, le peuple espagnol éjecte très démocratiquement un menteur pris sur le fait, ça devient tout de suite une défaite honteuse de la Démocratie devant le fascisme, une lâcheté de plus face aux hordes barbares et sanguinaires de Musulmans assoiffes de sang qui non seulement piaffent d’impatience a nos frontières mais en plus poussent le vice a venir se cacher ici, chez nous, jusque dans dans « nos » (sic) banlieues et nos écoles républicaines, prêts sans doute à profiter de la moindre minute d’inattention pour se jeter sur « nos » femmes (et les buveurs de vin, re-sic ) et assouvir leurs bas instincts pervers de male dominateur fanatisé par le Coran...

Mais heureusement, les grands défenseurs de la Démocratie et de l’Humanité sont la pour nous avertir, pour nous éclairer de leurs lumières hautaines a longueur de forum sur notre ignorance de l’incroyable danger qui nous guette, à débusquer courageusement la face hideuse de l’islamisme qui se cache derrière chaque coin de voile de gamines de 15 ans et nous guider enfin vers le salut d’une guerre totale (« totaler Krieg », ça ne vous rappelle rien ?) contre « la menace » islamique afin d’empêcher la destruction de notre belle civilisation Occidentale qui aurait eu l’insouciance de l’héberger.

Ce salut là, c’est le symétrique, pour ne pas dire l’identique, de celui de Ben Laden, et nous, Européens, n’en voulons pas. Ni de l’un, ni de l’autre. Est ce clair ?

Islam et mondialisation

Pourquoi la haine de l’Occident ?

Parce qu’il est plus facile de rejeter sur plus puissant que soi l’origine de sa propre décrépitude.

Si je suis d’accord pour reconnaître le fait que l’Islam n’a pas toujours été aussi rétrograde qu’il l’est devenu, je ne vois pas en quoi il apporterait aujourd’hui ne serait-ce que l’ombre d’une solution à la misère économique de ceux qui s’en réclament. Mis à part la Malaisie qui a choisi la voie d’un développement économique basé sur l’exportation de l’électronique qu’elle produit, c’est le désert le plus total (sans jeux de mots)…

Ce qui permet à la Chine, à l’Inde et à d’autres économies asiatiques de se développer, de considérablement relever le niveau de vie moyen de ses habitants et à terme de mettre réellement en péril à la fois l’hégémonie de l’Occident et l’impérialisme US, c’est bien la mondialisation, et non pas l’Islam. C’est pourquoi aussi je trouve les propos d’Oriana Fallaci un peu déplacés : au bout du compte, je ne crois pas au danger de l’Islam, même si je ne peux que regretter les agissements des tribus guerrières et arriérées qui s’en réclament.

Autour du voile

Ce qui suit est une contribution particulièrement énervée sur un forum du Nouvel Obs à propos du tchador. Je ne participe plus aux fora du Nouvel Obs pour cause de censure. Je m'en expliquerai à l'occasion.

La République menacée par quelques gamines…

Je ne trouve pas de mots assez forts pour dénoncer l’incroyable connerie qui s’étale a longueur de forum, qui pousse certains a affirmer sans rire, a partir de grands principes “indémodables” (sic), lutter contre ce qu’ils considèrent comme “une atteinte grave à la démocratie toute attaque de front ou camouflée contre cette dernière” (Lariflette), pour un peu plus loin se lamenter contre le jugement des plus hautes institutions républicaines taxé de “particulièrement mal inspiré et coupable”… Mais qu’est ce que c’est ce délire? C’est quoi cet intégrisme Républicain ?

De quelle atteinte a la démocratie s’agit-il, au juste ? Très précisément ceci : quelques gamines décident de porter le voile dans une école publique ! Et alors ? Qu’est ce que ça peut bien vous foutre ? Est-ce que ça vous empêche d’exister ? D’aller a la messe ? Qu’est ce qu’il y a d’intolérable la dedans ? Personnellement, je trouve toutes ces réactions nettement plus insupportables que celles d’un Lepen, ou autre Naboleon, car eux au moins ont le courage de revendiquer leurs bas instincts, et affirment haut et fort ce que vous murmurez tout bas dans votre fors intérieur, a savoir une supériorité implicite et nauséabonde de Franchouillard borné et chauvin qui n’arrive pas a avaler que tous les Français ne soient pas de souche. Alors on se rattrape comme on peut pour nier cette réalité apparemment insupportable en édictant avec une rigueur de casuiste des normes de bienséance républicaine et on se réfugie vertueusement dans des grands principes pour dénoncer chez l’autre l’intolérance haineuse qui suinte de son propre discours. On passe d’une phrase a l’autre d’une dénonciation (que je partage) des pratiques plus que douteuses des monarchies pétrolières et autres égarements islamistes, on pousse même le vice (cf. Thai66) a déblatérer sur les modes de défécation dans tel pays du tiers-monde, pour justifier ensuite son défoulement sur des gamines – Françaises - sensées je suppose représenter l’ennemi intérieur, comme s’il y avait un rapport… L’odeur peut-être ?

Chirac non justitiable

On peut effectivement gloser par le fait que pour le droit français Chichi n’est pas un justiciable comme les autres. Mais après tout, si le droit français assure vraiment son impunité en toute circonstance, alors le droit français est à réviser.

A la limite, je peux comprendre la logique qui fait qu’un Président fasse passer l’intérêt géopolitique de la France au dessus de la justice de son pays en couvrant l’assassinat d’un juge, et que la constitution puisse le protéger dans ce sens. Mais le cas de Chichi ne s’arrête pas là. Et c’est bien ce qui m’énerve le plus dans cette histoire : l’impunité revendiquée de celui qui « donne toute sa confiance à la justice de son pays » dans des cas précis ou son intérêt personnel est en jeu, et non plus celui du pays. Effectivement il peut avoir confiance : malgré la vidéo de Mery déclarant explicitement lui avoir remis quelques centaines de milliers de francs en liquide, il s’est vu innocenté pour vice de forme (ou une connerie du style), et tout le monde, à commencer par ses électeurs, s’est satisfait de la condamnation plutôt molle de quelques sous-fifres. Je suppose qu’aujourd’hui, dans le meilleur des cas, la population se contentera de la pseudo-condamnation du fusible Villepin, comme elle s’est contentée hier de la pseudo-condamnation du « droit-dans-ses-bottes » (le fusible Juppé). Dans un véritable état de droit, le président aurait du démissionner sous la pression de l’opinion publique, face à des scandales de cette envergure. Nixon ne s’est-il pas fait déboulonner pour objectivement moins que ça ? Les faits reprochés à Nixon sont autrement moins graves que ceux qui impliquent directement Villepin et Chichi dans les notes de Rondot : au Watergate, Nixon s’est contenté de rechercher des informations sur le parti politique rival via les services secrets US, pas d’utiliser ces derniers et d’instrumentaliser un juge afin de répandre des calomnies.

Pourquoi une tel aveuglement ? Pourquoi une telle impunité ? Pas facile de répondre à une question de mentalité. Le style monarchique de la RF implique inévitablement une société de privilèges, et donc un président au-dessus des lois. Et c’est bien ce dernier point qui fait problème…

De la victoire sur l'Allemagne nazie à l'Irak

Ce qui suit peut paraitre réchauffé parce que les propos datent d'il y a plus de 2 ans (Mai 2005), mais ca permet de préciser quelques unes de mes idées autour de sujets qui fachent. Il s'agit en fait d'un échange quasi confidentiel avec un journaliste (appelons-le JMC) qui a comme point de départ ses propos autour de la victoire sur les nazis.

Je commence par son article:

*****************************************************************************

Les 8-9 mai 2005,
la victoire sur l'Allemagne nazie aura 60 ans...

S'en souviendront sans doute les anciens résistants et actuels militants de l'antifascisme. Peut-être même les écoliers des années 60 en Belgique, à l'époque où le 8 mai était encore fêté chez nous, officiellement, et marqué en classe par des débats sur la guerre, la paix, le fascisme.
Qui ne sera pas tenté par le haussement d'épaules à propos d'un anniversaire si lointain et largement "récupéré" par les pouvoirs, vidé de sa substance, de sa portée subversive ? N' y aurait-il pas, du reste, un phénomène de rejet envers le principe même d'une "victoire" construite, il est vrai, au prix du sacrifice de millions de vies humaines ? Ne serait-on tenté, dans le relativisme actuel, de renvoyer dos-à-dos les nazis vaincus et les puissances alliées qui ne lésinèrent pas sur les moyens ? Hiroshima et Nagazaki, le bombardement de Dresde et des populations civiles allemandes, le massacre de Katyn et les déportations de Prusse orientale ou de Pologne n'est certes pas à la gloire des "alliés" ! Les crimes de guerre commis dans le camp antinazi doivent-ils être placés sur une balance d'apothicaires avec les crimes nazis, voire déconsidérer la cause du combat antinazi ? Dans ce cas, les résistances antifascistes auraient à avoir honte pour les décisions américaines de recourir à l'arme atomique, les combattants républicains espagnols seraient discrédités du fait des crimes commis par les leurs, les luttes de libération au Vietnam, en Algérie, à Cuba, contre l'apartheid seraient à leur tour "relativisées". C'est à cette confusion, précisément, que vise le relativisme actuel, très prisé par les héritiers politiques du fascisme, on se demande pourquoi.
Mais la question du rapport à cette Victoire met également en cause notre capacité d'analyse des faits historiques, lorsqu'un certain humanisme consensuel, célébrant les valeurs du pacifisme et des Droits de l'Homme, d'un point de vue qui est celui de nos sociétés relativement pacifiées et repues, tend à juger "moralement" les violences, toutes les violences, et notamment celles du passé, des révolutions, des résistances, des luttes de libération au nom de cette loi divine, "tu ne tueras point", si profondément ancrée comme chacun sait dans la tradition de nos hommes de foi et de loi. A telle enseigne que l'Histoire ne devrait plus inspirer que lamentations autour de la seule figure emblématique de "la Victime".
La tendance à la "victimisation" dans tous les domaines, avec sa surenchère dans les chiffres macabres, n'évacue-t-elle les ACTEURS de l'Histoire de la même façon qu'elle réduit l'Histoire du nazisme - Histoire d'une crise sociale et nationale- aux seuls délires d'Adolf Hitler ? Ah ! cette très utile psychologisation des phénomènes sociaux ! Ce providentiel recours à "l'irrationnel" ! Tellement plus acceptable que les vieux raisonnements "marxistes" sur le fric des industriels versé à Adolf, les voix de la droite nationale (et non de la majorité des Allemands!) pour lui accorder les pleins pouvoirs, le rôle des grandes entreprises privées allemandes (et autres !) dans l'économie nazie que d'aucuns qualifient maintenant de "collectiviste" pour les besoins de l'amalgame !
Krupp, Flick, IG Farben, Siemens, Volkswagen… Ce sont aussi les noms de la barbarie. Mais sûrement, j'en oublie…

En 1945, donc, les peuples d'Europe, d'Amérique et de l'ex-Union soviétique appartenant au "camp des vainqueurs" étaient- en grande partie du moins- réunis dans la joie commune d'avoir écrasé "la bête immonde" et dans les espoirs de changements sociaux et démocratiques que soulevait la libération d'un bout à l'autre du continent. Les dirigeants des états de la coalition anti-hitlérienne étaient même, sincèrement ou non, "en phase" avec cette allégresse et ces espérances. Paris, Bruxelles, Londres, Washington acclamaient l'armée rouge (et Staline s'il vous plaît !) et les peuples soviétiques qui avaient porté le fardeau principal de l'épreuve: on sait aujourd'hui que 26 à 27 millions de Soviétiques y ont laissé leur vie, soit plus de la moitié des victimes de cette guerre.
Soixante ans plus tard, ces vérités-là sont oubliées ou n'ont jamais été connues - il suffirait de questionner des écoliers ou des étudiants pour s'en rendre compte ! La lecture que donnent les médias de cette période, des "débarquements" en Normandie et ailleurs, des libérations, contribue à occulter ou à minimiser le rôle joué par l'URSS, les communistes, les résistances.
A ce massacre de la mémoire et de l'Histoire participent nombre d'intellectuels de gauche et d'extrême-gauche qui, pour diverses raisons, préfèrent ne plus en entendre parler ou qui, évoquant la bataille de Stalingrad, la prise de Berlin ou les "résistances antisoviétiques" nationalistes alliées à l'Allemagne nazie, sont portés désormais à mettre en accusation "les crimes du communisme" ou à renvoyer dos-à-dos Hitler et Staline. La "nouvelle Russie", elle aussi mobilisée par ses médias libéraux, depuis 1991, dans la dénonciation du communisme, célébrera néanmoins le combat et la Victoire de 1945. Les traumatismes de cette guerre impitoyable y sont encore trop profonds, la mémoire encore trop vive, et certes dûment entretenue, les raisons politiques de tirer "fierté nationale" de la Victoire sont évidentes, dans un pays qui n'a pas à tirer gloire de ce qui est arrivé depuis la dislocation de l'URSS.
D'autres pays, d'autres gens profondément engagés dans les résistances seront au rendez-vous: l'ex-Yougoslavie, la Biélorussie qui fut "la république des partisans", l'Ukraine qui eut à subir le génocide nazi "assisté" par les fascistes locaux, la Grèce et l'Italie antifascistes.
Mais le reste du monde ne sera pas au diapason. L'ONU a fait des 8 et 9 mai 2005 des journées de "mémoire et réconciliation". Mémoire de quoi et réconciliation de qui ? La "réconciliation" entre les peuples, avec l'Allemagne, est à priori une cause sympathique. Mais quel besoin de "se réconcilier" avec les grandes firmes allemandes qui ont servi Hitler, exploité les esclaves des camps, fabriqué les gaz d'Auschwitz, alors qu'il serait tellement plus simple, et plus "sain", de rappeller la solidarité qui unissait, face à Hitler, les antifascistes allemands et de toute l'Europe ? Si "la réconciliation" consiste justement à faire oublier cette solidarité, à honorer, comme à Berlin aujourd'hui, non plus les victimes du nazisme et les combattants antinazis, mais à honorer, sous couvert d'un pacifisme confusionniste, "toutes les victimes des guerres" , et en général seulement des VICTIMES, et non des RESISTANCES, il y aurait là une manipulation de la mémoire visant, me semble-t-il, à extraire le nazisme de son Histoire, à occulter les résistances de l'époque, à décourager les résistances d'aujourd'hui . On peut comprendre les raisons anciennes et actuelles de cette attitude. L'Allemagne actuelle ne peut se réclamer, comme le faisait l'ex-RDA, de la tradition antifasciste. Et il n'y a pas que l'Allemagne ! Il faut rappeler que les oeuvres nazies sur le front de l'Est ont été "assistées" par les alliés nationalistes du nazisme, des fascistes hongrois, roumains, italiens, espagnols, par les légions SS des pays baltes, de Galicie (Ukraine occidentale), de France, de Flandre, de Wallonie, de toute l'Europe. Or, non seulement cette dimension "européenne" du génocide nazi est oubliée, mais les héritiers plus ou moins avoués de ces mouvements relèvent la tête à la faveur de la dislocation de l'URSS. Les cercles néonazis et les post-fascistes s'emploient, de la Flandre à l'Ukraine, en passant par les pays baltes et bien d'autres lieux de collaboration active avec le nazisme, à REHABILITER les anciens SS, et les nationalismes locaux qui leur ont prêté main forte.
Plus subtils, et davantage dans l'air du temps, des "héritiers" des droites nationales qui ont servi ou sympathisé avec le fascisme et le nazisme - rappelons-nous que l'hostilité au judéo-bolchévisme était au goût du jour dans nos bonnes bourgeoisies européennes des années 30 - se servent du discrédit des idéologies communiste et soviétique pour disqualifier tout ce qu'elles ont pu dire à ce sujet - y compris ce qu'elles disaient de vrai - et pour relativiser les choses au nom du combat d'actualité "contre les totalitarismes". Peu à peu s'insinue le thème favori de l'historien allemand révisionniste Nolte sur "la guerre civile européenne", l'Allemagne nazie apparaissant comme un rempart contre la barbarie bolchévique, hélas certes un mauvais rempart.
Nous savons aussi que beaucoup d'anciens nazis et collaborateurs des pays de l'Est ont été recyclés pour les besoins de la guerre froide après 1945. On connaît les exploits du réseau Gehlen, du Vatican, de la CIA dans ce domaine. Les anciens SS et d'autres collaborateurs des occupants nazis ont été évacués en masse, en 1944-45, fuyant l'avancée de l'armée rouge. Ils ont joué par la suite un rôle important dans leurs diasporas , où ils ont été recyclés par les Etats-Unis dans les officines de la guerre froide - en partie les mêmes qui s'activent aujourd'hui dans les déstabilisations géopolitiques des régimes "dérangeants" de l'ex-bloc socialiste.
On comprend mieux, dans ce contexte, que la "Victoire de 1945" n'ait plus très bonne presse. Et que des appels à la boycotter surgissent dans tels milieux dirigeants baltes…ou dans les rangs du Parlement européen !
D'une part, il n'est plus de bon ton de rappeler l'alliance avec l'URSS et le rôle des communistes dans les résistances. D'autre part, il n'est pas souhaitable de rappeler que le fascisme et le nazisme n'ont pas été seulement des "accès de folie" mais le produit d'une Histoire, de crises sociales et nationales, de choix politiques des classes dirigeantes. Cela risquerait d'éclairer les processus actuels de résurgence de l'extrême-droite, du racisme et de la xénophobie, des politiques de remises en question des libertés et des acquis sociaux...de 1945 ! Et il est moins "actuel" que jamais de suggérer aux jeunes générations que l'acte de refus et de résistance, posé par des millions de femmes et d'hommes dans les pires années du nazisme, serait encore concevable aujourd'hui, face aux guerres impérialistes, aux pillages économiques, aux massacres de civils qui, dans diverses partie du monde, reproduisent la lettre sinon l'esprit du fascisme.
Ceux qui entendent rester fidèles à la Résistance et au combat antifasciste, aux valeurs de refus de la barbarie qu'elles incarnèrent ou plus simplement à la mémoire et à l'Histoire doivent se poser la question : est-il acceptable que les journées des 8-9 mai, anniversaires de la capitulation nazie, que les luttes et la victoire remportées sur l'Internationale brune et noire soient édulcorées, vidées de leur substance, occultées, voire dénaturées et discréditées ?
Ce n'est pas acceptable, et il faudrait, de diverses façons, le faire savoir, préserver l'héritage antifasciste, transmettre la mémoire. Faisons-le.

J-M C


* pour mémoire, la date du 9 mai est retenue en URSS plutôt que le 8 mai, en raison du décalage horaire au moment de la signature de l'acte de capitulation allemande.

***************************************************************************

Et voici ma réponse :

Je partage entièrement ton indignation devant l’oubli manifestement fréquent du sacrifice des 20 à 30 millions de Soviétiques qui a réellement permis d’abattre le nazisme, sacrifice d’autant plus cruel qu’il est occulté par celui médiatiquement beaucoup plus ressassé des quelques milliers de Gis tombés sur les plages de Normandie, j’en conviens sans ambages…Je ne peux ni ne veux ignorer ni le bushisme ambiant ni les méthodes de l’empire américain, ni non plus l’effet anesthésiant de certaine forme de relativisme que tu dénonces, mais justement c’est peut-être bien en relativisant certaines choses, en en mettant d’autres en perspective, que l’on pourra progresser dans la compréhension de ce qui s’est passé hier, et peut-être aussi dans l’analyse de ce qui se passe aujourd’hui. Pour moi ce serait une erreur grave que de renoncer à revisiter les « faits » historiques et c’est bien évidemment l’Histoire en marche qui induit que la portée du regard change. Le fait que cette réflexivité ne se fasse pas dans le sens attendu par tous les héritiers du marxisme ne devrait pas demeurer un obstacle à ses effets de vérité, pour autant qu’on veuille bien s’octroyer le recul nécessaire.

C’est pourquoi je te suis moins dans ton opposition à tout relativisme historique. Non pas que je veuille diminuer en quoi que ce soit les dimensions de l’horreur nazie, mais à te lire on pourrait presque croire que le principe même de la lutte contre le nazisme donne carte blanche à tous ceux qui l’ont combattu, ce que je contesterai par quelques exemples choisis du relativisme que je revendique, sous forme de questions, ci-dessous.

Pourquoi ne pas s’interroger sur le massacre de Katyn ? Que ce dernier ait été utilisé par la propagande nazie et nié pendant des décennies par l’orthodoxie communiste suffit-il à en diminuer la réalité ? Pour moi, rien – pas même Auschwitz – ne permettra jamais de justifier Katyn, qui lui est d’ailleurs antérieur. Et rien ne permettra jamais de justifier les camps de Sibérie… Pourquoi refuser de voir que dans un cas comme dans l’autre c’est l’impitoyable volonté de puissance d’un dictateur qui s’affirme ? Qu’Hitler et Staline, ces deux rebus du genre humain, aient été dévorés de la même soif de pouvoir ne veut pas dire que le soviétisme, et a fortiori le communisme, soit à confondre avec le nazisme, même si ces derniers diffèrent d’avantage par leurs visées que par leur pratique. Et puis, justifier un crime par un autre, c’est avant tout faire un discours aux asticots…

Qu’est-ce qui justifiait l’embrasement des populations civiles par les alliés quand on sait que les bombardements massifs des villes allemandes n’ont eu qu’une incidence marginale sur la production de guerre, et n’ont fait que renforcer la portée du jusqu’au-boutisme de la propagande de Goebbels chez ceux qui leur survivaient ? N’était-ce pas là plutôt quelque chose de beaucoup plus primitif, de l’ordre d’une manifestation brute de l’essence primaire de la guerre, où la satisfaction bestiale d’infliger aveuglement la souffrance et la destruction prime sur la rationalité d’une véritable efficacité militaire ? D’ailleurs, les Américains faisaient-ils autre chose au Nord Vietnam ? Ont-ils fait autre chose plus récemment par leurs bombardements en Irak ? Le blanc-seing moral donné aux bombardements massifs d’hier ne sert-il pas de justificatif à ceux d’aujourd’hui, sous couvert du slogan « Saddam c’est Hitler » ?

Quant à la grande solidarité alliée…comment ne pas voir que TOUS les alliés se foutaient pas mal de ce qui se passait dans les camps ? Ne pouvaient-ils ne serait-ce que bombarder les voies d’accès pour en ralentir le fonctionnement ? Certains raids sur des villes, d’un intérêt plus que douteux d’un point de vue stratégique, utilisèrent près d’un millier de bombardiers. N’aurait-on pas pu en utiliser ne serait-ce que 10% pour détruire les voies ferrées menant à l’holocauste que l’on savait exister au moment où ces raids ont eu lieu ?

A propos de la soi-disant fraternité alliée encore : comment ne pas remarquer que Staline ait tranquillement attendu aux portes de Varsovie que l’insurrection soit écrasée par les Nazis pour intervenir ? Comment ne pas s’étonner que le conflit devienne nucléaire au moment précis de l’entrée en guerre de l’URSS contre le Japon ?

Autour des races supérieures: pourquoi ignorer que la libératrice Amérique blanche ne toléra pas que ses noirs réquisitionnés portent les armes contre le nazisme, allant jusqu’à réglementer les contacts des bidasses noirs avec les populations européennes, par souci de ne pas ternir l’image bienfaitrice de l’armée US ? Un nègre photographié avec une blanche, une insupportable perspective de propagande nazie ? Pour ne pas désespérer Billancourt prêt à passer au communisme, version US d’alors ?

Et puis aussi, question de perspective, comment ne pas s’indigner que les Français à peine libérés en métropole se sentent obligés de redorer le blason de leur fierté nationale bafouée en appliquant avec entrain sur tout ce qui refuse leur joug en Algérie, à Madagascar et ailleurs, les méthodes gestapistes et racistes qu’ils viennent de subir ? Non pas sur des Untermenschen bien sur, juste sur des concitoyens incultes et de seconde zone qui refusaient sans doute de se voir offrir les lumières de la République…et il aura fallu attendre 10 ans de plus que des Français de souche meurent sous la torture pour que l’opinion commence à s’émouvoir. Je salue au passage le courage de ces communistes là qui ont été jusqu’au sacrifice ultime pour un peu de justice…

Je crois au contraire qu’un relativisme historique est salutaire, le nazisme comme le reste est un produit de son temps, ce qui n’est pas toujours facile à voir vu le caractère à la fois d’extériorité et de mal absolu qu’il incarne dans l’imaginaire collectif… tout comme est très relatif le concept de solidarité anti-fasciste, solidarité de façade quand on se rappelle le pacte Molotov-von Ribbentrop ou que Churchill souhaitait continuer la guerre contre l’URSS… C’était bien là-dessus qu’Hitler avait misé pour s’en sortir : la guerre froide lui aura presque donné raison !

Maintenant, s’il est probable que des industriels allemands ont financé Hitler et s’il est incontestable qu’une partie de la droite nationale lui a effectivement remis les clefs du pouvoir (Hitler n’a jamais eu une majorité absolue, et moins de voix en 1933 qu’en 1931 si ma mémoire ne me fait pas défaut), le fascisme ne s’est pas construit tout seul ex-nihil, et n’a pas été non plus une exclusivité d’outre-Rhin, même s’il est indéniable que c’est la discipline et la technique allemande qui a porté ses effets le plus loin dans l’horreur. Tu as probablement raison sur les noms de la barbarie que tu cites (Krupp, Flick, Siemens,…j’avoue une connaissance limitée de la question) mais je ne crois pas un seul instant que les acteurs du nazisme se limitent aux seuls détenteurs de capitaux qui ont financé Hitler. Car après tout, le fascisme désirait les masses autant que les masses désiraient le fascisme, et les enfantements monstrueux de ces amours réciproques ne se limitèrent pas à l’Allemagne ou à l’Italie (voir à ce sujet l’excellent « Le Mythe de l’Allergie Française au Fascisme » édité par Michel Dobry qui donne de nombreux exemples précis) : des Croix de Feux au PSF en passant par l’Action Française, les puanteurs nationalistes, antisémites et antiparlementaires n’auront pas attendu que la Kommandantur soit installée sur la place du village pour empester l’atmosphère, on l’oublie un peu trop vite en dehors de l’Allemagne, et particulièrement en France (Chirac mis à part ).

Quant au parallèle entre le fascisme, pris au sens large, et la situation que nous vivons aujourd’hui, bien que je sois sur le fond de la question assez d’accord pour le tracer, je commencerai d’abord par m’en distancier en soulignant là où je vois une différence.

Avant tout, utiliser le mot « fascisme » pour décrire ce qui se passe en Irak ou aux Etats-Unis me parait inapproprié, c’est s’encombrer inutilement de concepts lourds, un peu comme s’il y avait lieu de grossir le trait : pourquoi ne pas considérer Bush et sa clique tout simplement pour ce qu’ils sont, c.-à-d. des menteurs, des voleurs et des assassins ? Et puis, en ce qui concerne l’Irak, le concept d’impérialisme me parait amplement suffisant pour décrire ce qui s’est passé, à savoir l’appropriation brutale et violente de ce que d’autres (Chine, Europe) convoitaient plus pacifiquement, ce qui entre parenthèse n’a pas grand-chose à voir avec le libéralisme économique, puisqu ‘il s’agissait ici avant tout d’éliminer toute possibilité de concurrence et non promouvoir cette dernière, ce que le larbin anglais a appris à ses dépends, fin de la parenthèse. Ensuite, pour ce qui est de l’Amérique elle-même, évoquer le concept de fascisme laisse entendre, dans l’acceptation traditionnelle du terme, une usurpation militaire du pouvoir pour un temps indéfini, ce qui n’est aucunement le cas ici, car si l’on peut légitimement avoir des doutes sur la première élection de Bush, ces derniers n’ont plus lieu d’être pour la plus récente. Incontestablement le peuple US a fait son choix, qui est celui des coups de trique, pour lui même et pour ceux qui tombent sous sa botte.

Je pense que si l’on veut avancer un peu, il faut une bonne fois pour toutes arrêter de se contenter du schéma simpliste d’un pouvoir imposé par en haut contre la volonté du peuple: Fox News ou pas, le bushisme, ce fondamentalo-populisme, est une émanation du peuple américain, de sa psychologie, de ses aspirations, de sa morale, de ses désirs, de ses craintes, de ses croyances, de ses valeurs. Et comment ne pas être ému par tant de vertu ? N’est-ce pas aux Etats-Unis d’Amérique qu’un président a failli être destitué pour avoir dissimulé la nature intime de ses relations avec une stagiaire ? Il aurait même poussé le vice à mentir pour s’en défendre, a-t-on pu lire un peu partout… Evidemment, de mauvais esprits dont je fais partie feront remarquer que la gravité d’un mensonge est fonction de son objet - ce qui en dit long sur les valeurs de l’Amérique - et que la mémoire du peuple est étrangement sélective, feignant d’oublier à l’occasion que les avions qui ont percuté les tours du WTC ont été détournés par des Saoudiens et non par des Irakiens ou que le danger planétaire imminent des AMDs était un gros bobard, une construction de rhétorique pure, cynique opération de propagande planétaire montée de toute pièce par le lobby du pétrole et de l’armement pour justifier l’opportunité d’une guerre. Mais le peuple américain n’aime pas se poser trop de questions, craint le doute et se moque des intellectuels. Le peuple américain a eu peur. Le peuple américain a voulu être rassuré. Le peuple américain a voulu se voir fort. Le peuple américain a eu besoin de vengeance. Le peuple américain a souhaité voir couler du sang arabe. Le peuple souverain a choisi Bush en toute connaissance de cause.

C’est pourquoi la réponse claire du reste du monde au peuple américain doit être : US GO HOME.

*****************************************

Postscénium : l’offrande au bushisme

.

Corpus Christi, made in Texas. Preuve en main et sourire aux lèvres, la fierté rayonnante de la mission accomplie pour un couple d’Américains résolument dans l’air du temps. Comme quoi Mel Gibson n’est pas seul à se vautrer dans la fange sado-maso d’un spectacle gore. Et on aurait tort, à contempler ce genre de rituel, de s’en tenir à la seule brutalité de l’empire pour en arriver à négliger la foi profonde de l’Amérique en l’inaltérable supériorité de ses propres valeurs. Il s’agit de se donner des mesures tangibles dans l’accomplissement réalisé de sa croisade du Bien contre le Mal, jalons de sa mission civilisatrice sous forme de liturgie moderne. Images pieuses d’un catéchisme revigoré destinées aux chaumières du Far West, bons points que l’on se partage en douce dans un esprit de communion en préambule au sacre de ‘President Bush’ : osez les regarder bien en face, ce sont ces images là plus que d’autres qui ont suscité sa réélection… On remarquera que l’on se trouve ici du bon coté du rite : civilisé, propre, presque aseptisé, là ou les dents blanches sont brossées tous les matins en vue de l’hostie du dimanche. Et comme si l’épaisseur du verre ne suffisait pas à préserver l’innocence qui les a extraites de son contenu peu ragoûtant - des viscères forcément fétides arrachés à un Irakien de passage - un kleenex double couche vient parfaire l’œuvre civilisatrice dans l’offrande qui en est faite à la gloire de l’Amérique. Alléluia Alléluia ! Dieu est grand, et Bush est son prophète…

dimanche 4 novembre 2007

La théorie du complot, ou comment chercher midi à 14h

A la limite, vu la rapidité avec laquelle Cheney a pointé l’Irak du doigt suite au 11 Sept, on peut envisager l’hypothèse selon laquelle la clique de Bush n’a volontairement pas pris au sérieux les signes d’une attaque imminente dont elle eut été informée. Ceci dit, que je sache, aucun élément sérieux ne vient étayer l’hypothèse selon laquelle ils auraient effectivement su que l’attaque allait se faire par des avions de ligne détournés sur le WTC. Encore moins l’organiser…

J’ai déjà essayé de répondre sur d’autres fora point par point à l’argumentaire standard des complotistes et je sais d’avance que c’est peine perdue. Je ne le ferai donc pas ici et je vais plutôt essayer de cerner en quoi ça me dérange.

D’abord le cadre général : ramener tout événement historique à l’agissement de services secrets plus ou moins occultes et remplacer toute analyse par une énumération de manipulations de forces obscures démontre non seulement un infantilisme politique navrant mais surtout une incompréhension totale des véritables enjeux

Il est évidemment beaucoup plus facile (et utile) pour Bush et sa clique d’entretenir indirectement le mythe de son omnipotence (à savoir : laisser circuler les absurdités qui le mettent en cause sans donner les arguments ou accès aux archives capables de les contrer, très opportunément classées secret défense) que d’avoir à répondre à des questions précises sur la manipulation de l’opinion publique américaine, à savoir l’exploitation délibérée de ses peurs et de son désir de vengeance, que sa clique a orchestrée à grand renfort de vidéos et reportages truqués sur les armes de destruction massive, ce bobard planétaire que tout le monde – à commencer par les complotistes - semble avoir oublié aujourd’hui, et qui a pourtant servi de justificatif à une guerre absurde qui se révèle aujourd’hui un désastre total, aux conséquences néfastes non seulement pour les Irakiens, mais aussi pour le reste du monde : le terrorisme s’en trouve renforcé, et non amoindri (une conséquence, parmi d’autres).

Venir se faire mousser sur des fora avec des arguments de café de commerce comme ceux des complotistes ne contribue qu’à une chose : se détourner, et détourner d’autres avec soi, de LA véritable manipulation qui a effectivement eu lieu : celle de l’opinion publique apeurée, au seul profit de compagnies pétrolières et de producteurs d’armes. Le scandale est là, et pas ailleurs.

Accessoirement, c’est aussi ne pas pouvoir ni vouloir regarder en face, qu’un cutter et suffisamment de haine suffisent, pour quelques fanatiques endoctrinés dans une puante idéologie millénariste, à accomplir l’irréparable.

PS Un lien utile que je reprends d’un internaute éclairé et que je remercie par la même occasion :
http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/COCKBURN/14270

La théorie du complot, ou comment chercher midi à 14h

A la limite, vu la rapidité avec laquelle Cheney a pointé l’Irak du doigt suite au 11 Sept, on peut envisager l’hypothèse selon laquelle la clique de Bush n’a volontairement pas pris au sérieux les signes d’une attaque imminente dont elle eut été informée. Ceci dit, que je sache, aucun élément sérieux ne vient étayer l’hypothèse selon laquelle ils auraient effectivement su que l’attaque allait se faire par des avions de ligne détournés sur le WTC.


J’ai déjà essayé de répondre sur d’autres fora point par point à l’argumentaire standard des complotistes et je sais d’avance que c’est peine perdue. Je ne le ferai donc pas ici et je vais plutôt essayer de cerner en quoi ça me dérange.

D’abord le cadre général : ramener tout événement historique à l’agissement de services secrets plus ou moins occultes et remplacer toute analyse par une énumération de manipulations de forces obscures démontre non seulement un infantilisme politique navrant mais surtout une incompréhension totale des véritables enjeux


Il est évidemment beaucoup plus facile (et utile) pour Bush et sa clique d’entretenir indirectement le mythe de son omnipotence (à savoir : laisser circuler les absurdités qui le mettent en cause sans donner les arguments ou accès aux archives capables de les contrer, très opportunément classées secret défense) que d’avoir à répondre à des questions précises sur la manipulation de l’opinion publique américaine, à savoir l’exploitation de ses peurs et de son désir de vengeance, que sa clique a orchestrée à grand renfort de vidéos et reportages truqués sur les armes de destruction massive, ce bobard planétaire que tout le monde – à commencer par les complotistes - semble avoir oublié aujourd’hui, et qui a pourtant servi de justificatif à une guerre absurde qui se révèle aujourd’hui un désastre total, aux conséquences néfastes non seulement pour les Irakiens, mais aussi pour le reste du monde : le terrorisme s’en trouve renforcé, et non amoindri (une conséquence, parmi d’autres).

Venir se faire mousser sur des fora avec des arguments de café de commerce comme ceux des complotistes ne contribue qu’à une chose : se détourner, et détourner d’autres avec soi, de LA véritable manipulation qui a effectivement eu lieu : celle de l’opinion publique apeurée, au seul profit de compagnies pétrolières et de producteurs d’armes. Le scandale est là, et pas ailleurs.

Accessoirement, c’est aussi ne pas pouvoir ni vouloir regarder en face, qu’un cutter et suffisamment de haine suffisent, pour quelques fanatiques endoctrinés dans une puante idéologie millénariste, à accomplir l’irréparable.

PS Un lien utile que je reprends d’un contributeur éclairé et que je remercie par la même occasion :

http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/COCKBURN/14270