samedi 17 novembre 2007

Chirac non justitiable

On peut effectivement gloser par le fait que pour le droit français Chichi n’est pas un justiciable comme les autres. Mais après tout, si le droit français assure vraiment son impunité en toute circonstance, alors le droit français est à réviser.

A la limite, je peux comprendre la logique qui fait qu’un Président fasse passer l’intérêt géopolitique de la France au dessus de la justice de son pays en couvrant l’assassinat d’un juge, et que la constitution puisse le protéger dans ce sens. Mais le cas de Chichi ne s’arrête pas là. Et c’est bien ce qui m’énerve le plus dans cette histoire : l’impunité revendiquée de celui qui « donne toute sa confiance à la justice de son pays » dans des cas précis ou son intérêt personnel est en jeu, et non plus celui du pays. Effectivement il peut avoir confiance : malgré la vidéo de Mery déclarant explicitement lui avoir remis quelques centaines de milliers de francs en liquide, il s’est vu innocenté pour vice de forme (ou une connerie du style), et tout le monde, à commencer par ses électeurs, s’est satisfait de la condamnation plutôt molle de quelques sous-fifres. Je suppose qu’aujourd’hui, dans le meilleur des cas, la population se contentera de la pseudo-condamnation du fusible Villepin, comme elle s’est contentée hier de la pseudo-condamnation du « droit-dans-ses-bottes » (le fusible Juppé). Dans un véritable état de droit, le président aurait du démissionner sous la pression de l’opinion publique, face à des scandales de cette envergure. Nixon ne s’est-il pas fait déboulonner pour objectivement moins que ça ? Les faits reprochés à Nixon sont autrement moins graves que ceux qui impliquent directement Villepin et Chichi dans les notes de Rondot : au Watergate, Nixon s’est contenté de rechercher des informations sur le parti politique rival via les services secrets US, pas d’utiliser ces derniers et d’instrumentaliser un juge afin de répandre des calomnies.

Pourquoi une tel aveuglement ? Pourquoi une telle impunité ? Pas facile de répondre à une question de mentalité. Le style monarchique de la RF implique inévitablement une société de privilèges, et donc un président au-dessus des lois. Et c’est bien ce dernier point qui fait problème…

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